Quimper 2008 : de l’interaction à la relation

Quelle est l’idée majeure émergeant de Quimper 2008 ? La question mérite, trois mois plus tard, d’être posée aux Grands Témoins, et à chacun de ceux qui assistaient à ce séminaire. Pour ma part, j’ai retenu celle-ci, au milieu de beaucoup d’autres : un concept d’une grande puissance (et que nous connaissons en fait depuis toujours) est en train d’émerger ou de ré-émerger derrière celui qui occupe le devant de la scène depuis 20 ans : celui qui revient au premier plan c’est la relation, celui qui s’efface c’est l’interaction.

Curieusement, cette idée est mon avis la première qui est apparue dans la discussion. Nicolas Nova, qui se définit lui-même comme ergonome et chercheur en expérience utilisateur, l’a exprimée sous cette forme : « Le réseau se caractérise par une intensification des relations entre les individus. Les SMS, l’email, les blogs… toutes ces technologies entraînent des changements en termes de coordination. Auparavant, quand on voulait se rencontrer, on prenait rendez-vous à tel endroit. Maintenant, la plupart d’entre nous ne prennent même plus la peine de faire ça. On s’appelle 30 secondes avant de se retrouver, ou 10 minutes avant puis de nouveau 5 minutes avant, parce qu’on est en retard, etc. Il y a une intensification de tous ces processus de communication qui dessinent une sorte de ville en temps réel qui fonctionne par échanges incessants. »

J’étais venu à Imagine 2015 avec l’idée de creuser ce que j’appelle la triple interaction :
- L’interaction homme-machine avec ses questions de design, d’ergonomie, ses défis de conception et d’interfaces, ses enjeux de programmation (dans tous les sens de ce terme),
- L’interaction machine-machine qui dessine l’Internet des objets, l’informatique pervasive, l’intelligence et l’information éclatées partout dans l’environnement,
- Et bien entendu l’interaction de personne à personne médiatisée par les machines, les services, et les réseaux.

Celle-ci ne s’appelle plus interaction : elle se nomme relation. Et ce que je retiens d’Imagine 2015 cette année, c’est que l’interaction homme-machine doit s’effacer. Lorsqu’on perce le cœur de la machine, on trouve derrière elle une autre personne, des quantités d’autres personnes avec lesquelles on entre en relation. Il s’agit d’un petit glissement qui peut paraître banal, mais qui emporte des conséquences énormes en termes de conception des systèmes techniques.

On y revient bientôt.